5 novembre 2024

Sur les traces du temps passé

Ce mardi 15 octobre aura permis aux 3 classes de CM1 de vivre l’école hors les murs de Saint-Bernard. Notre exploration “sur les traces du temps passé” se sera partagée sur 3 sites : le Musée Basque, le Grand Bayonne et les Archives départementales.

Une longue marche a permis d’arriver jusqu’à l’antenne basque des Archives Départementales : un endroit bien pensé pour conserver de précieux documents du passé (des écrits, des documents sonores, des images voire des bandes audio-visuelles) qui permettent de  «voyager dans le temps»… Les explorateurs du jour ont effectué une  visite guidée du bâtiment, qui renferme 11 km d’archives ! Suivant la règle des 4 C, elles permettent de Collecter les documents publics ou privés, de les Classer, de les Conserver et de les Communiquer : le public peut les consulter dans la salle de recherches.
Les élèves ont eu aussi le privilège de découvrir le magasin (d’ordinaire interdit au public !) réparti en 14 salles sur 3 niveaux ! Ici, les documents sont conservés dans des boîtes spéciales (qui les protègent de la lumière) numérotées et répertoriées sur des épis (étagères), en respectant un taux d’hygrométrie et de température très contrôlé.

Dans un second temps, l’activité en salle pédagogique nous a transformés en chercheurs d’indices sur des documents anciens, et même sur le document le plus ancien conservé aux archives ! Il date de l’an 983 et a été écrit sur un parchemin (peau animale) à l’aide d’un calame (fin morceau de roseau tranché en pointe que l’on trempait dans l’encre, avant d’être remplacé par une plume…). Les écritures gasconnes, latines, vasconnes ou en vieux français que nous avons lues sur un registre de mariage ou de naissance ont été déchiffrées et traduites par des paléographes. Armés de loupes et de gants blancs pour ne pas abîmer les documents, nous avons découvert également un courrier signé par le roi Louis XIV et certifié par des sceaux tamponnés sur de la cire chaude. Un très vieux plan nous a dévoilé le Bayonne ancien et très peu habité (aucune construction n’était autorisée à l’extérieur des remparts !). Nous avons aussi découvert que Saint-Esprit était une ville différente de Bayonne.

Direction le centre ville de Bayonne, place de la Mairie. Dès lors, nous plongeons dans le grand livre d’Histoire de Bayonne et remontons 2000 ans en arrière. Les Romains découvrent ce coin très marécageux coincé entre Nive et Adour ; ils décident de construire quelques maisons sur les points les plus élevés (une quarantaine de mètres du côté de ce qui deviendra beaucoup plus tard la Citadelle ; 14 mètres à peine pour le quartier qui accueillera mille ans plus tard la cathédrale…). Les Vascons apprennent beaucoup des Romains et les premières fortifications sont dressées autour de la cité. Puis l’Aquitaine devient anglaise par le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II de Plantagenêt, parents de Richard Ier dit Cœur de Lion. Arriveront plus tard les fortifications de Vauban, le port de « Baione », les canaux où l’on circule en bateaux qui deviendront un jour les rues Portneuf ou le Boulevard Thiers. Puis Bayonne fortifiée attire toujours plus de monde et, alors qu’il est formellement interdit de construire à l’extérieur des remparts, les maisons sont bâties sur des fondations appelées « pilotis ». On manque de place ? Tant pis, les Bayonnais construisent davantage en hauteur et assèchent au maximum les endroits marécageux. Les jardins disparaissent à leur tour, remplacés par de nouvelles constructions où toutes les maisons se touchent. Le patrimoine s’enrichit ; le cloître est un lieu d’accueil des croyants, mais aussi un cimetière, puis un marché, puis le siège du premier représentant des habitants : le maire. La cathédrale, d’abord romane et assez basse, subira des transformations importantes pendant 280 années ! Merci à M. Lormand, un Bayonnais richissime qui, avant de mourir, a légué son immense fortune pour faire achever une quantité de travaux… Notre visite se termine sur les remparts et les fortifications près du plus vieux château de Bayonne : le Château Vieux. Des vestiges de l’enceinte antique sont encore visibles. Pas de doute, cette ville possède un patrimoine très ancien !

Le temps est venu de rejoindre le Musée Basque. Les élèves vont se voir confier la mission de se plonger une nouvelle fois dans le passé. L’activité de Bayonne et des campagnes avoisinantes du 17ème au 19ème siècle les attend. 

C’est autour des objets d’autrefois que les enfants découvrent l’activité du berger avec ses ciseaux de tonte et sa pierre brûlante pour chauffer le lait dans son kaiku. Une autre activité importante était réservée aux femmes de l’époque qui devaient se rendre à la fontaine ou à la source la plus proche afin d’y remplir leur ferreta qu’elles posaient ensuite sur leur tête. Le flotteur placé à la surface de l’eau leur permettait de ramener toute l’eau à l’etxe (la maison), sans en perdre une goutte. Dans la cuisine reconstituée par le musée, un meuble attire l’attention de nos voyageurs temporels : le zuzulu. Un objet sculpté dans le bois qui ressemble à un banc avec deux dossiers et une tablette entre les deux places, réservé aux anciens qui vivaient avec leurs enfants et leurs petits-enfants. Ce meuble faisant face à la cheminée, seule source de chaleur, les protégeait des courants d’air grâce à ses hauts dossiers. L’époque des vendanges et des moissons a aussi été évoquée avec la recherche dans une des salles du musée, du petit pressoir à cidre. Grande découverte pour certains qui voulaient faire du cidre à partir de raisins voire de citrons ! 

La visite s’est ensuite recentrée sur la ville de Bayonne. Une superbe maquette représente l’Hôtel de la Bourse des Marchands qui accueille aujourd’hui le théâtre et l’Hôtel de ville, le pont Saint-Esprit tout en bois, les allées Marines en chemin de halage et les allées Paulmy, simple chemin bordé par des marécages. L’activité commerciale bat son plein à cette époque, tout comme celle des chantiers navals dont celui du Roi de France, au pied de la Citadelle. Les vaisseaux de la marine royale côtoient les galupes, tilholes et chalands, bateaux à fond plat permettant de naviguer sur l’Adour et la Nive et de faire commerce de tout, conditionné dans des tonneaux. Le métier du calfat n’a plus de secret pour nos jeunes artisans. Grâce à son maillet, son fer et son morceau de chanvre, le tout recouvert de brai (sorte de résine), l’assemblage des planches pour la confection des navires devient étanche.

Les trois classes se sont retrouvées, le temps du pique-nique, à l’aire de jeux de la Floride. Après avoir mangé tranquillement avec les copains, l’aire de jeux a été prise d’assaut  : enfin pouvoir grimper, escalader, glisser sur le toboggan. Du sport sans l’impression d’en faire ! 

La pluie nous a accompagnés sur le chemin du retour à l’école mais la capuche a permis de garder en tête toutes les découvertes du jour aux Archives, en ville ou au Musée Basque. Nous avons vécu l’illustration parfaite de l’expression “courir après le temps”…